Saint-Chamas, l’étang de Berre côté pile

Saint-Chamas, l’étang de Berre côté pile

L’étang de Berre, côté face, c’est un aéroport, de la pétrochimie, des torchères, des industries, une urbanisation métallique. Mais côté pile, c’est un écrin de verdure incroyable, des villages perchés, des étangs, des sentiers de folie et un calme olympien. Suivez le guide Cédric Tassan à la découverte d’un territoire mal aimé.

Quand j’ai démarré le VTT, j’habitais à l’époque Salon-de-Provence. J’avais deux terrains de jeu, un du côté d’Aurons et Vernègues (que je vous ferai découvrir un jour), et un autre en direction de l’étang de Berre et de Saint-Chamas. Dans le cas deux cas, je partais de chez moi en vélo, les virées faisaient vite 30 à 40 km. A l’époque, je roulais sur un semi-rigide en acier, je prenais autant de plaisir que maintenant à faire du VTT. J’ai toujours eu un faible pour le terrain de jeu qui s’étale à l’est de l’étang de Berre. C’est mon ami Fred Lopez qui m’en a fait découvrir une bonne partie, notamment celle autour de Saint-Chamas et de Miramas-le-Vieux. Puis en arpentant maintes fois les collines, j’ai pu découvrir de nombreux petits trails bijoux !

Le terrain de jeu est roulant, ludique, le dénivelé n’y est pas très important. Mais cela n’enlève en rien l’intérêt du secteur. Car on peut venir ici avec tous types de VTT, du XC à l’enduro. Pour ma part, je roule sur Kern EN de chez Sunn, c’est plutôt un gros vélo en 29“ et en 160 mm. Mais comme il est plutôt vif, il se comporte à merveille sur ces sentiers joueurs. Je démarre mon itinéraire à Cornillon-Confoux, c’est un joli village qui offre une vue lointaine mais très jolie sur l’étang de Berre. Ses pierres jaunes, marbrées de coquillages incrustés sont caractéristiques des villages locaux. On parle ici de pierre de Rognes, du nom d’un village des Bouches-du-Rhône. D’ici s’étend un vase plateau de plusieurs milliers d’hectares qui court de Grans à l’étang de Berre.

C’est un gruyère à chemins, un véritable labyrinthe où l’on peut se perdre très facilement. Les sentiers tournicotent autour des pins, des oliviers, franchissent des vieux murs de pierre, des dalles calcaires magnifiques. Des petits vallons offrent des descentes très ludiques. Par ailleurs, sur le territoire de Cornillon, il y a quelques années, une initiative locale avec des pistes officielles a vu le jour (voir plus de détails dans l’encart associé).

Je poursuis mon itinéraire en direction de l’étang. J’essaie de me replonger dans mes souvenirs pour retrouver les meilleurs sentiers, ce n’est pas simple car les options sont si nombreuses. Plus loin, je rejoins la rive nord de l’étang, grimpe et prend de la hauteur. La vue s’ouvre vers le sud, le soleil de l’hiver n’est pas très haut et fait miroiter le surface plane de l’eau. Je suis un joli canal le long d’une petite falaise, le sentier est ludique, je croise quelques randonneurs qui profitent comme moi de cette belle lumière de matin. Je sais qu’ainsi je pourrais aller jusqu’à Istres mais pour ne pas m’embarquer dans une sortie interminable, je fais demi-tour et emprunte un autre sentier terreux du secteur. Je mets le cap vers Miramas-le-Vieux.

Ce joli village, sans doute un des plus beaux (et des plus réputés) du coin est perché sur une colline rocheuse. Lors de la haute saison, il est pris d’assaut par les locaux et les touristes. Ici on vient manger la glace au sommet du village avec vue imprenable. Un des artisans locaux propose la « Tendre passion », une coupe avec 14 sorbets différents ! En plein mois de janvier, tout est fermé et je grimpe dans le calme les ruelles pavées du village. L’architecture est magnifique, les pierres sont superbes, je déambule dans des venelles plus petites les unes des autres. Je sors par le sud du village, une magnifique porte invite à dévaler vers l’étang de Berre. Rapidement, j’arrive sur Saint-Chamas.

Une fois à l’entrée du village, je retrouve mes marques, suis l’aqueduc et entre dans la colline. Le chemin monte et offre une vue superbe sur l’étang. La lumière a déjà changé, les couleurs se teintent. Je traverse une ancienne carrière de pierre qui a du servir à l’édification de certaines constructions du village. Quelques passages donnent de belles trajectoires pour le VTT. Juste après c’est le clou du spectacle et la vue plongeante sur le coeur de Saint-Chamas : l’aqueduc de l’Horloge. Long de 62 m et haut de 23, il relie les 2 collines du village et permet à l’eau de traverser et d’être acheminée vers les terres agricoles. Il fut construit à partir de 1868. Quelle vue sur les toits du village et le port. Je descends prudemment la première volée d’escaliers puis la seconde plus raide qui mène à l’entrée du pont.

En 2012, l’aqueduc a été mis en sécurité. Avant, l’eau qui s’écoulait au centre du pont n’était pas protégé et le passage de part et d’autres n’était pas très large, on pouvait facilement tomber dans le canal. Désormais une grille recouvre le danger. Après avoir traversé l’aqueduc, je poursuis ma balade dans le village, passe devant les maisons troglodytes qui jouissent d’une vue fantastique, plein ouest, sur l’étang. Je poursuis en enfilade sur la prochaine colline et sa chapelle puis la dernière avant de filer vers la Petite Camargue.

C’est une réserve naturelle exceptionnelle, semblable au paysage que l’on trouve en Camargue : étang, roseaux, grandes plages de coquillages, observation d’oiseaux, marécage. Même si cet endroit ne présente pas d’intérêt au niveau des sentiers pour le VTT, j’adore y venir pour sentir cette ambiance si paisible et si sauvage. J’aime imaginer ce que pouvait être l’étang de Berre avant l’arrivée des industries, cela devait ressembler à cette Petite Camargue.

En plus de la pollution industrielle, l’homme a bouleversé l’écosystème aquatique de l’étang. Non loin de là, au niveau de la centrale électrique, ce sont les eaux douces du canal E.D.F. qui se jette dans l’eau salée. Les eaux du Verdon et de la Durance sont déversées ici en grande quantité. En 2004, l’Europe condamne fermement la France pour ces rejets qui ne ne respecte pas les engagements pris pour la protection de la Méditerranée (Protocole d’Athènes, 1980, Convention de Barcelone, 1976). La Cour de justice de l’Union européenne reconnaît que ces rejets représentent une pollution massive pour l’étang de Berre et impose à l’État français de prendre des mesures correctives. Même si les rejets depuis ont diminué, ils le sont toujours 17 ans après…

Après m’être frayé un chemin parmi les roseaux via un petit sentier, je quitte cette magnifique zone humide par un chemin le long de la côte. Je rentre vers Saint-Chamas par quelques chemins de traverse puis traverse le pont Flavien. Ce pont romain, bâti il y a 2000 ans et placé sur la voie romaine reliant Marseille à Arles, dans le prolongement de la via Aurelia, il enjambe la Touloubre. Cette construction est magnifiquement préservée, je roule dans les traces laissées par les chars depuis toutes ces années, les sillons ont marqué en profondeur le calcaire.

Je grimpe à nouveau sur le plateau, déambule à travers les bois puis retrouve un ancien sentier que j’aimais prendre à l’époque. La descente est courte mais bien technique. Et pourtant je pensais avec un VTT qui s’apparentait plus à un vélo de route ! Pas sur que je puisse le refaire avec une telle machine de nos jours ! Je termine ma journée de vélo en grimpant vers Cornillon, le soleil est déjà très bas. Il inonde d’une chaude lumière les pierres ocres du village. La température descend rapidement, je rentre sans tarder au chaud dans mon van.

ENCART : DAVALDO Cornillon Freeride (DCF)
Sur Cornillon-Confoux, des terrains communaux ont été mis à la disposition du DCF pour la création de pistes de VTT dans le secteur. Cette initiative locale est un bel exemple de comment le VTT peut fonctionner main dans la main avec les acteurs publics. Ici, une poignée de passionnés shape et entretient ce magnifique vallon tout en s’appuyant sur le façonnement ancestral et agricole. Ici, pour venir rouler, il faut adhérer au DCF. La cotisation est modeste, 20 euros l’année. L’idée, au-delà de pouvoir rouler, c’est aussi de filer un coup main pour bosser et entretenir les pistes. On ne peut que vous conseiller de vous rapprocher de cette association.
Contact via leur page Facebook.

Y ALLER :

Départ du village de Cornillon-Confoux, situé à l’ouest de Salon-de-Provence

Où DORMIR :

On vous conseille le logement en chambre d’hôtes dans le coin. Les bâtisses et la campagne sont tellement belles !

OU MANGER :

En pleine saison, arrêt obligatoire à Miramas-le-Vieux pour manger une bonne glace.

A VOIR / A FAIRE :

Prendre le temps de découvrir le patrimoine local, les jolis villages, c’est l’avantage du vélo ! L’observation des oiseaux à la Petite Camargue est fortement recommandé.

PARCOURS :

L’Itinéraire est à retrouver ici via VTOPO PREMIUM. ou dans le VTOPO Bouches-du-Rhône dernière édition.


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